De la Rue de la Boétie à Ibiza : L'histoire d'une renaissance

 Imaginez Paris, 1968. Les pavés encore chauds des manifestations, l'air électrique de changement. Dans son bureau de l'agence Publicis des Champs-Élysées, Jacques Massacrier, brillant directeur artistique, contemple une vie qui, sur le papier, incarne le succès. Appartement de 160m², voiture luxueuse, salaire confortable. Pourtant, quelque chose manque.

Couverture Paris Match Savoir Revivre Jacques Massacrier

Ce "quelque chose", il le découvrira lors d'un simple séjour de Noël à Ibiza en 1968. Non pas l'Ibiza des clubs et des paillettes que nous connaissons aujourd'hui, mais une île encore sauvage, préservée, où le temps semble suspendu. Une île où les hippies, encore peu nombreux, côtoient les paysans locaux dans une harmonie improbable.

En rééditant aujourd'hui "Savoir Revivre", nous ne republions pas simplement un livre. Nous réveillons une époque où changer de vie n'était pas un hashtag sur Instagram, mais un acte radical de liberté. Quand Massacrier, sa femme Greta et leurs deux fils quittent Paris en 1970 pour une ferme sans eau courante ni électricité à San Juan, ils ne suivent pas une tendance - ils suivent leur instinct de survie.

Le parallèle avec notre époque est saisissant. Comme en 1973, nous vivons un moment où la société de consommation montre ses limites, où l'urgence écologique nous rattrape, où le besoin de "savoir revivre" n'a jamais été aussi pressant. La différence ? Massacrier ne s'est pas contenté de rêver - il a agi.

Le parallèle avec notre époque est saisissant. Comme en 1973, nous vivons un moment où la société de consommation montre ses limites

Son livre, que nous avons l'honneur de faire renaître, n'est pas qu'un manuel pratique. C'est une œuvre d'art totale, où chaque page calligraphiée à la main, chaque illustration minutieuse, raconte l'histoire d'une libération. Le format imposant (21 x 30 cm), le papier Munken crème soigneusement choisi, les deux couleurs d'impression : tout a été pensé pour que l'objet lui-même incarne cette quête d'authenticité.

Car "Savoir Revivre" est avant tout un manifeste pour la beauté du geste simple. Qu'il s'agisse de construire un mur en pierre sèche, de cultiver son potager ou de fabriquer ses propres meubles, chaque acte décrit dans le livre est une invitation à reconnecter avec l'essentiel. Non pas par privation, mais par choix. Non pas par rejet du monde moderne, mais par désir d'une vie plus riche de sens.

En 2023, rééditer ce livre est notre façon de dire que l'utopie d'hier peut devenir la réalité de demain. Que le "savoir revivre" n'est pas une compétence désuète, mais peut-être la plus précieuse que nous puissions transmettre aux générations futures.

 

Crédit Photo © Georges Beutter / ParisMatch / Scoop

 

À suivre dans notre prochain article : "L'art du geste : quand la calligraphie rencontre l'autosuffisance"

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